Cela fait maintenant quelques mois que je suis employée chez Infirmiers de rue. Quand j’en parle autour de moi, on me demande souvent si mon travail n’est pas trop difficile. Je suis, à chaque fois, interpellée par cette question, qui aboutit toujours à la même réponse : non, mon travail n’est pas trop difficile !

Je suis assistante sociale, j’ai choisi de l’être. IDR me donne les moyens d’agir pour accomplir mes objectifs, dans un cadre bienveillant et au sein d’une équipe soutenante.

Les relations qui se créent avec nos patient.e.s rendent mon travail riche, passionnant, utile.

Dès lors, ce qui est trop difficile, ce n’est pas mon travail.

Ce qui est difficile, ce sont les conditions dans lesquelles vivent nos patient.e.s: le froid, la faim, l’insécurité, la solitude, le manque d’estime, de liens et de reconnaissance.

Ce qui est difficile, c’est de constater que beaucoup de structures censées leur venir en aide, sont finalement peu adaptées à la réalité des personnes sans-abri.

Ce qui est difficile, c’est de remarquer comment, dans certains cas, le simple fait de dire qu’ils/elles sont sans-abri déshumanise nos patient.e.s.

Au point, parfois, de devoir persuader les personnes elle-même qu’elles sont bien plus que cela, car trop souvent, elles finissent par se coller elle-même l’étiquette qu’on leur donne.

Ce qui est difficile, c’est finalement de se rendre compte, même si je le savais déjà, à quel point la société, par ses mécanismes et ses procédures, crée des inégalités qui seraient évitables si elle se donnait les moyens d’une réflexion à long terme et d’actions pérennes.

Mais ces difficultés, c’est aussi le terreau sur lequel s’enracinent ma motivation et mon acharnement, pour que nos patient.e.s, malgré ces freins, retrouvent de la dignité. Pour que la société change de regard. Pour que la fin du sans-abrisme ne soit pas une utopie.

Et avec IDR, chaque jour me donne une raison d’y croire toujours un peu plus !

 

Doriane, assistante sociale à l'antenne de Liège

Aidez-nous à mettre fin au sans-abrisme!