L’horeca bruxellois doit se remettre d’une longue période d’inactivité liée au covid. La période actuelle est donc bien entendu critique et tout ce qui vient hypothéquer la reprise de l’activité est catastrophique.

C’est dans ce contexte déjà tendu que des troubles liés à la présence d’un groupe de personnes toxicomanes sont dénoncés par plusieurs établissements autour du parvis de Saint-Gilles, qui annoncent une grève ce mercredi.

© Infirmiers de rue / Straatverplegers

L’espace public du Parvis, qui s’était vidé pendant le confinement, et que ce groupe s’était un peu approprié, est aujourd’hui ré-occupé par la réapparition des terrasses, ce qui pourrait partiellement expliquer pourquoi la situation s’est envenimée ces dernières semaines.

Il faut, bien entendu, apporter une réponse à cette situation. Mais comment ?

Se contenter de chasser ces gens ne serait que déplacer les problèmes. 

Les punir n’aurait simplement pas de sens. Seul un accompagnement professionnel, avec des moyens, notamment aussi des logements, peut amener une véritable solution à long terme. Le gouvernement régional a montré sa volonté d’avancer sur ces thèmes, la commune de Saint-Gilles n’est pas la dernière à investir dans la prévention et l’aide aux personnes, il doit donc être possible de passer à une action résolue et constructive.

© P-Y Jortay

De façon plus générale, ce cas précis est simplement l’illustration de ce que la négligence chronique de situations particulières catastrophiques peut avoir comme conséquence sur le vivre-ensemble dans certains quartiers à Bruxelles. Rappelons que le sans-abrisme progresse toujours au niveau de la Région.

C'est pourquoi il est important que nous voyions les moyens à déployer comme des investissements et non comme des coûts, si nous voulons voir des résultats concrets sur le terrain.

Il y a trois choses à garder à l'esprit ici.

Tout d'abord, nous devons nous demander si les ressources déployées sont proportionnelles aux objectifs : Il y a 5 000 personnes sans domicile fixe à Bruxelles. Si nous voulons vraiment réduire ce chiffre, il nous faut plus que les ressources humaines (courageuses) et financières déjà déployées. Par exemple, nous avons également besoin de l'implication directe des autorités locales, qui ont souvent une connaissance de la situation dans leur commune.

Ensuite, pour éviter que ces ressources ne deviennent un puits sans fond, il est absolument essentiel de se concentrer sur la prévention : empêcher autant que possible les personnes de se retrouver dans une situation précaire.

Enfin, afin de faire correspondre ces ressources à leurs objectifs, il est préférable de disposer d'un plan régional clair, avec une perspective à long terme. C'est la seule façon de faire de réels progrès dans ce domaine.

Chez Infirmiers de rue, nous savons, pour le pratiquer au quotidien, que ce sont là des défis considérables, qui demandent des efforts de réflexion, de coordination, de convergence. Mais les résultats sur le terrain montrent que ces investissements valent la peine et que ces efforts méritent d’être consentis. Cela pourrait être une première contribution au « monde d’après », puisqu’un des enseignements du premier confinement est tout de même qu’une partie de la population reste dans une précarité non seulement scandaleuse mais fragilisante pour l’ensemble de la société.

Pour Infirmiers de rue
Arnaud Ghys & Pierre Ryckmans