Madame J. est une dame qu'on accompagne depuis un moment, d'abord en rue, et actuellement en logement.

Malgré son tempérament sociable, elle nous a aussi habitués à des phases de silence complet. 

Dans ces moments-là, même essayer de la voir chez elle n'est plus possible.

© Pierre Lecrenier

Elle coupe tout contact avec nous, avec les difficultés que cela peut entraîner : retard dans les démarches sociales, administratives, médicales, ...

Lors d'une de ces phases de silence, suite à nos sollicitations (on continue de téléphoner ou de passer afin qu'elle sache qu'on est toujours présents pour elle), elle se décide à nous rappeler. Pendant ce contact téléphonique, je lui passe différentes infos, et à propos de l'une d'elles, elle me fait un commentaire qui nous fait éclater de rire.

S'ensuit un fou rire irrécupérable chez tous les deux, de plusieurs minutes.

On arrive à revoir Madame chez elle peu de temps après.

Je ne peux pas affirmer que ce moment de rire partagé est la raison qui l'a motivée à nous rouvrir sa porte, mais je pense que ça a dû aider dans une certaine mesure.

L'humour, quand il est bien utilisé, dans le respect de chacun, reste un outil précieux, tant dans notre travail au quotidien, que de manière plus générale, dans le rapprochement avec des personnes aux réalités parfois très différentes.

- David, infirmier dans le pôle logement

Sans vous, il n'y a pas de nous.

(*) Nous mettons tout en œuvre pour respecter la vie privée de nos patients et notre secret professionnel. Nous voulons néanmoins témoigner de la façon dont ils doivent survivre et de la manière dont nous travaillons ensemble à leur réinsertion. Par conséquent, le nom des lieux et des personnes sont volontairement omis ou modifiés et des situations vécues sont placées dans un autre contexte.