En me rendant récemment dans les métros, j'observais épouvantée, les exclus du confinement. Certes, la réclusion que nous subissons n'a rien de confortable. 

Cependant, tandis que nous troquons provisoirement notre liberté au nom de la santé personnelle et publique, d'autres personnes redécouvrent, avec plus d'affliction encore, l'indignation des trottoirs. Ces personnes-là, peu auparavant fondue dans la masse et l'affluence de Bruxelles, sont aujourd'hui à découvert, en petit groupe ou solitaire. Il semblerait que l'ennemi invisible détient pour corollaire la flagrance de tous ces radiés du système. Aujourd'hui, je discerne davantage encore les mines grises et les fripes en lambeaux des sans-abri auprès duquel les « infirmiers de rue » tentent d’œuvrer.

En tant que travailleuse engagée pour faciliter leur relogement, la période confère encore plus de sens à mes activités. Il est pourtant regrettable, tant pour moi que pour les autres, que seul le passage d'un exterminateur génère un peu plus cette urgence d'accès au logement. Ma modeste expérience chez les « infirmiers de rue » m'avait pourtant appris l'étroitesse de l’espérance de vie des sans-abri. 

Mais passé les abstractions statistiques, j'avais pu réaliser sur le terrain à quel point l'asphalte massacrait la santé physique et mentale de ces individus qui portent un nom. Aujourd'hui, tandis que j'écris derrière des murs qui me servent de barrières à de nombreuses humiliations sanitaires, je revois, encore, ces mines grises et ces fripes en lambeaux sous lequel se dissimulent des individus qui portent un nom. Que faut-il encore pour concevoir l'accès au logement comme un droit fondamental ?"

     - Fiona, capteuse logement